Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini partagent avec une poignée d’artistes italiens de la scène indépendante des projets collectifs et une tournure d’esprit frondeuse qui n’attend pas la poussée des vents dominants. Ensemble, ils créent une série de projets dont ils sont à la fois auteurs et performeurs. Provenant du monde de la performance, ils recherchent d’autres modes de représentation et explorent des formes alternatives d’alliance entre la scène et le public.
Leur collaboration artistique s’amorce en 2008 autour du spectacle Rewind, en hommage au mythique Café Müller de Pina Bausch, créé au Festival Short Theatre de Rome et présenté dans plusieurs festivals italiens et européens (Festival Vie/Modène, Festival Prospettive/Turin, Festival Autunno Italiano/Berlin, Espagne et Portugal).
Auteurs, acteurs et metteurs en scène, le tandem valorise des processus entre enquête et recherche théâtrale. Ils créent From A to D and Back Again (2009) inspiré d’Andy Warhol. En 2010, ils découvrent l’inventaire de la vie intime de la Polonaise Janina Turek, point d’impulsion du Progetto Reality dont sont issus Czeczy/cose (2011) une installation/performance présentée au Festival Short Theatre de Rome et Reality spectacle présenté en avant-première à Rome est créé au Festival Inequilibrio de Castiglioncello en 2012. À l’automne 2012, ils sont invités par le Teatro di Roma pour intégrer le projet Perdutamente dans lequel ils créent Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni, (décembre 2012). Cette création constitue la première étude du spectacle qui a débuté au Festival Romaeuropa en novembre 2013 et dans lequel, avec les deux auteurs sur scène, on retrouve Monica Piseddu et Valentino Villa.
Le spectacle suivant, Il cielo non è un fondale, est crée à l’automne 2016 au Théâtre de Vidy à Lausanne, qui poursuit leur recherche autour de la relation entre figure et toile de fond, histoire personnelle et collective. Ils entament ensuite un travail autour du film Desert rouge de Michelangelo Antonioni, qui aboutira en 2018 en un spectacle pour cinq interprètes, Quasi niente, et une performance pour espaces non théâtraux, Scavi.
Quasi niente
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
“ Il y a quelque chose de terrible dans la réalité, et je ne sais pas ce que c’est. Et personne ne me le dit ” dit Giuliana, le personnage principal de Le Désert rouge, film de Michelangelo Antonioni.
Dans les plis du silence du chef-d’œuvre d’Antonioni dont ils s’inspirent, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini écoutent Giuliana, ils décident de regarder non pas ce qui advient, mais ce qui est là et qu’on ne voit pas, ou plus. Antonioni ausculte les changements historiques d’après-guerre, qu’il nomme “aliénation".
Cinq comédiens décomposent ce personnage sur scène, mêlant leurs histoires personnelles au récit. Daria Deflorian et Antonio Tagliarini poursuivent ainsi leur recherche autour des figures marginales, qu’il décrivent depuis toujours dans leurs chutes, leurs échecs, et dans leur rapport avec la toile de fond, ce “monde entier” qui se cache derrière une impuissante rêverie.
Scavi
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Ecrit et interprété par
Conseillère littéraire
Organisation
En collaboration avec
Résidence de production
Scavi (Fouilles en français) est un projet parallèle au spectacle Quasi niente, une performance pour un nombre limité de spectateurs, qui présente une restitution publique des “découvertes” que les artistes ont fait durant le travail préliminaire de recherche autour du film Le désert rouge.
" Se rendre à Ferrara au Fond Antonioni, lire tout ce que nous avons pu trouver sur la préparation du film, voir les photos de certaines scènes tournées mais non montées, avoir entre nos mains les premières pensées de Antonioni écrites au stylo quand l'idée était encore très vague... Tout ceci nous a conduits à nous frotter à ce qui se produit dans tout processus de création, à savoir la merveilleuse et épuisante confrontation entre idée et matière. "
Chi ha uccisco mio padre
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Reality
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Janina Turek était polonaise. En 1943, elle a pris le stylo et pendant plus de cinquante ans, elle a annoté minutieusement « les données » de sa vie, dans 748 carnets, consigné les détails de son quotidien, ce qui d’ordinaire passe inaperçu. Daria Deflorian et Antonio Tagliarini ont fait de son récit la matière nourricière de leur pièce qui explore « la merveilleuse beauté d’une vie à la marge », en éclaire son opacité. Ni reconstitution chronologique, ni récit historique. Ce qui intéresse les deux acteurs-metteurs en scène est ailleurs, au-delà des menus faits relatés minutieusement et méthodiquement. Dans les souvenirs et les sentiments qu’ils imaginent et restituent par leur présence pudique et leurs voix douces. Ils inventent une forme de dialogue parlé-dansé dont les fragments recomposent l’histoire tout entière d’une vie minuscule.