Parallèle 10 | 28.01.20 | DUCTUS MIDI - Anne Lise Le Gac et Arthur Chambry | Friche la Belle de Mai — Grand plateau

Publié le 27 janvier 2020

Conception

Anne Lise Le Gac et Arthur Chambry 
Création, performance
Katerina Andreou, Arthur Chambry et Anne Lise Le Gac
Avec la participation de
Christophe Manivet
Création lumière 
Nils Doucet
Regard extérieur
Pauline le boulba

 

« Comment est-ce qu’il pourrait y avoir des lieux si les individus ne se déplaçaient pas ? Sur un terrain aux contours faussement définis, deux marcheurs, Anne Lise Le Gac et Arthur Chambry, entament un voyage sans résolution. Ils ont décidé de se mettre en route, côte à côte, sans se tenir, d’être « EN DUCTUS ». Dans son livre Une brève histoire des lignes, Tim Ingold resitue le DUCTUS ainsi : au Moyen-Âge, ce mot désigne un mode de lecture qui s’établit selon un TRAJET plutôt qu’un PLAN.       
"ls n’interprétaient pas le texte écrit sur la page selon un plan précis, déjà composé et complet en soi, mais le voyaient plutôt comme un trajet jalonné de signaux, de panneaux de direction ou d’étapes qui leur permettaient de s’orienter dans l’espace de la mémoire. "
Le voyage n’a pas de durée déterminée, et le rythme de chacun peut varier indépendamment. Ils croisent deux autres voyageurs, Katerina Andreou et Christophe Manivet.
 
Ils avancent avec leurs outils et des SKILLS, c’est à dire des capacités à FAIRE quelque chose.
Ils voient où ils vont sans pour autant anticiper leur point de chute. Leur chemin ne dessine pas une ligne droite mais une trajectoire tortueuse aux multiples virages. Ce terrain n’est pas très stable, il regorge de reliefs, de trous, de bosses, de flaques, de touffes, de sables mous ou de cailloux pointus. Avoir un SKILL, ça pourrait être la conséquence d’une adaptation à un milieu, comme une façon plus expérimentée de jouer avec une flaque, ou de danser dans des sables mouvants.
 
Entre leurs mains, la matière est molle ; qu’il s’agisse de plastique, de chants, de sucre, de peaux de clémentines ou de danses.
Le mou c’est l’état ENTRE le solide et le liquide. Soumis à de multiples variations, il ne parvient jamais vraiment à se fixer dans un camp. Il va et vient et ce mouvement garantit sa plasticité.
Le thermoplastique, les lignes de sucre dessinées au sol, les gouttes d’eau amplifiées et devenues musiques, les postures qui divaguent en une danse, agissent tout autant comme formes en-devenir. Elles constituent le terreau avec lequel Anne Lise, Arthur, Katerina et Christophe façonnent un écosystème qui échappe à son contenant.
 
DUCTUS MIDI propose un fragment de chemin sur lequel s’agencent des rencontres entre plusieurs voyageurs qu’il est bienvenu de nommer aussi « espèces de compagnie ». Ce terme reprend celui qu’utilise la philosophe Donna Haraway dans son livre Manifeste des espèces de compagnie, chiens, humains et autres partenaires . Il s’agit de reconsidérer les relations de partenaires avec qui on s’aventure à tout moment de notre vie. À partir de la rencontre de ces individus, leur mise en situation nous mènera à une production de gestes bâtards : récits de pratiques, images acoustiques, danses outils, chroniques comestibles, musiques sportives.
 
DUCTUS MIDI agit comme une succession de nœuds entre des fils-trajectoires. Il est l’espace de la mise en commun. Une carte qui parle. Mettre en commun pour se prémunir de la nécessité de comprendre.
Ici, les enjeux de la communication ne se résoudraient pas dans la compréhension de ce que VEUT dire l’autre, mais dans l’expérience d’un morceau de chemin vécu AVEC l’autre. »